Page:Borel - Rapsodies, 1868.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
II


Jean, quel est donc ce cri que, là-bas sur la plage,
               La foule a cent fois répété ?
Est-ce Napoléon ? — Non, dans ces cris de rage,
               Je n’entends rien que : Liberté. —
Cependant, couronnant le chef de la bannière,
               C’est bien un aigle que je vois ?
Oui ! l’aigle impérial enserrant le tonnerre !…
— Pardon, mon commandant, c’est le vieux coq gaulois !

À ces mots, sur le pont, on voit le capitaine
                      Pâlir et reculer ;
Et les deux vétérans, la mine moins hautaine,
               Se regardent sans se parler.
Plus surpris et défaits que dans la nuit fatale,
               Et, dans son fol enivrement,
Une fille qui croit accoler son amant,
               Et qui baise au front sa rivale.