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jardin et dans le parc ; qui inventoit, pour plaire à sa noble petite amie, toute espèce de jeux et d’amusements.

Partageant ses jeux, ne devoit-il pas partager ses études ? N’auroit-ce pas été cruel de le renvoyer à l’arrivée des professeurs de Debby ? Puisqu’il étoit son compagnon, ne devois-je pas prendre à tâche de l’instruire et de le polir pour le rendre plus digne d’elle ? Il avoit si bonne envie d’apprendre, et tant de facilité, le pauvre garçon ! Cela donnoit de l’émulation à la paresseuse Debby. Puis, vous le savez, il étoit si gentil, si doux, si prévenant ! Ah ! que je souhaiterois à beaucoup de gentilshommes d’avoir de pareils héritiers !

— Toujours vos mêmes parades de générosité, toujours vos belles idées sur les gents de basse condition ; vous aurez beau argumenter, un mulet et un cheval de race feront toujours deux, comme un Irlandois et un homme

Où toutes ces prouesses de vertu vous conduiront-elles ? Vos largesses envers les mendiants et les paysans vous feront, à la première rencontre, couper les jarrets par ces infâmes catholiques. Votre conduite à l’égard du petit Pat, où vous mènera-t-elle, où vous a-t-elle poussée ? Debby et Pat, grandissant ensemble, se sont pris d’étroite amitié, puis à l’amitié a succédé l’amour : la jeune comtesse Déborah Cockermouth est amourachée du gars de votre fermier : mademoiselle en feroit volontiers son époux ! Dieu me damne ! cela me fait dresser les cheveux