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ditation. C’est la science qui va ravageant les nécropoles de la Thébaïde, démolissant les hypogées, effondrant les sépulcres, criblant la poussière des tombeaux ; c’est la science, qui n’arrêtera ses profanations que lorsqu’elle aura nivelé aux sables des déserts les berceaux des civilisations primordiales.

C’est la science qui a dépouillé et qui dépouille chaque jour Athènes de ses débris magnifiques ; qui lui arrache ses bas-reliefs et ses métopes ; qui lui dérobe ses statues ; qui emballe et expédie ses colonnes et ses portiques pour la terre du négoce, pour l’Angleterre, ou ils vont s’engloutir dans les bosquets biscornus de quelque raffineur enrichi.

C’est la science qui ne tardera pas à dépouiller l’Inde de ses monuments de la gloire mogole, qui ne tardera pas à dépecer le mausolée de Taage-Mahal, le palais d’Akbar, le Mouti-Mutjid, la perle des mosquées ; c’est la science qui laisse dépérir les mausolées d’Akbar et d’Ulla-Madoula, pour s’autoriser bientôt à les démanteler et à les charrier en Europe.

Mon Dieu ! quelle manie de prendre et de transporter ! Ne pouvez-vous donc laisser à chaque latitude, à chaque zône sa gloire et ses ornements ? Ne pouvez-vous donc rien contempler sur une plage lointaine, sans le convoiter et sans vouloir le soustraire ?

Je ne serais pas surpris si l’on venait m’annoncer un jour que les Anglais ont pris la lune pour la mettre au musée de la Tour de Londres.

Croirez-vous avoir donné beaucoup d’éclat à votre