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N’était-ce donc pas assez de touts ces attentats ?… Fallait-il encore que la dévastation étendît ses ravages jusqu’aux rives du Nil ?


Le devoir de l’homme est de s’opposer, par toutes les ressources de son génie, à l’anéantissement de ses travaux ; de contre-balancer, de retarder, de suspendre les opérations de la nature, qui ne sait donner l’existence à de nouveaux êtres qu’aux dépens de ceux qui les ont précédés. La loi de l’homme est conservation ; la loi du temps est destruction. L’homme et le temps doivent donc être en lutte constante. Malheureusement le premier fait souvent abnégation de sa mission pour aider l’autre dans la sienne, et, comme lui, s’arme d’une faulx et d’une épée. Une fois entré dans cette voie, l’homme devient plus redoutable que le temps ; car les détériorations de celui-ci sont lentes ; rien ne le hâte, il a l’éternité devant lui.

Qu’on n’accuse pas les Vandales et l’ignorance de destruction : les Vandales ne font pas la guerre aux monuments, l’ignorance est respectueuse. C’est au nom de la science et du progrès que la plupart de ces crimes sont consommés. C’est la science, et non point l’ignorance, qui dit : « — Ceci est gothique, ceci est barbare, renversez !… » — C’est la science qui parcourt l’univers, une pioche ou une hache à la main ; qui va spoliant Thèbes de ses ruines imposantes qui, depuis tant de siècles, faisaient l’admiration du voyageur, dont elles élevaient l’ame et élargissaient l’esprit par la mé-