pensées pour le déménagement et l’emménagement d’une pierre ; en songeant que le palais du Louvre reste là inachevé, qu’on lui refuse un ouvrier, tandis qu’on occupe, pendant plus de trois mois, plus de huit cents Arabes, rien qu’à la fouille et au percement de la tranchée, en pente douce, faite à partir du dé de ce men-hir égyptien jusqu’à l’embarcadère ; en songeant à l’amour faux et désordonné de quelques hommes pour les pierrailles antiques, et au dédain professé solennellement pour nos antiquailles à nous, dont nous devrions être si glorieux, pour lesquelles nous devrions être si tutélaires !
Malheureux ! pendant que vous épuisez le trésor par vos conquêtes de sphynx verts ou roses, pendant que vous remettez des becquets ou des empeignes à des Bacchus, à des Hermès mutilés, nos cathédrales tombent en ruine, nos châteaux se démantèlent ; l’abbaye de Royaumont, le plus admirable édifice élevé par la munificence de Louis IX, qui en éleva tant d’admirables, est à demi-détruite et dévastée par une blanchisserie de toiles.
Tout votre bruyant étalage d’affection pour l’art et l’antiquité n’est qu’une impudente parade. Si vous aviez réellement quelque sentiment du bien et du beau, repousseriez-vous les Raphaël, les Rembrandt ou les Andrea del Sarte qu’on vous offre pour vos galeries ? Laisseriez-vous disperser les collections des chefs-d’œuvre des maîtres, et souffririez-vous que l’étranger en fit sa proie ? Vous n’avez que des sentiments feints