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occulte, des hommes qui nous sont chers. Quoique celle du jeune et fatal poète qui nous occupe n’excite pas en vous un aussi haut intérêt, je pense cependant que vous ne les auriez pas mal accueillis si j’avais pu déterrer quelques détails et quelques circonstances de cette vie anormale ; mais regrettablement on en sait bien peu de chose. Champavert était peu parleur de lui-même ; il tombait généralement dans le monde comme une apparition, sans antécédents connus, sans avenir présumé.

On a quelques raisons de croire, qu’originaire des Hautes-Alpes, il était né dans l’antique Ségusie, souvent, lui ayant entendu maudire son père, descendu des Montagnes, et nommer avec fierté comme ses compatriotes, Philibert Delorme, Martel-Ange, Servandoni, Audran, Stella, Coisevox, Coustou, Ballanche !… Mais, jeune, il avait laissé sa patrie.

Il montrait au plus vingt à vingt-deux ans à ceux qui l’approchaient, mais ses traits graves, de prime abord, le vieillissaient beaucoup.

Il était assez grand et svelte, peut-être même frêle ; il avait le teint brun, le profil caractéristique,