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comploté avec un de ses intimes l’affreuse fourberie… Oh non ! c’est impossible. Il serait donc bien faux et bien méchant ! Oh non ! Bertholin est un homme sensible et vrai… Qui m’expliquera tout cela ? Elle allait, dans sa perplexité, jusqu’à douter d’elle-même, et se demander si son regard ne l’avait point trompée dans les ténèbres et si ce n’était pas Bertholin lui-même qui s’était offert étranger à son imagination frappée. — Pourtant ce n’étaient point ses traits ; je ne rêvais pas : pourtant ce n’était pas sa voix, pourtant ce n’étaient pas ses manières élégantes ; oh non ! ce n’était point lui.

Une semaine environ après cette mésaventure, Apolline reçut une lettre datée du Mont-Blanc ; elle était de Bertholin, et s’exprimait ainsi :

« Pardon, ma belle future, si je suis parti sans vous avoir baisé les mains ; j’ai voulu nous épargner des adieux pénibles. Appelé à la préfecture du Mont-Blanc, je suis allé prendre possession de mon royaume. J’espère, avant quinze jours, revoler près de vous consacrer notre union secrètement, et aussitôt repartir pour ce pays qui, je pense, ne vous déplaira