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— Aurais-tu l’intention de me blesser ?

— De plus en plus ridicule ; décidément, tu es amoureux !

— Eh bien, oui ! je suis amoureux ! et ne rougirai pas d’un amour sage, d’un amour engendré de la pitié, et je bénis le ciel…

— Ou tu ne bénis rien !…

— … Qui m’a conservé libre jusqu’à ce jour, afin que je puisse être tutélaire à cette orpheline.

— Tu as souscrit au Chateaubriand, est-ce pas ?

— Afin que je devienne l’ange gardien de cette vierge abandonnée, que le besoin pourrait tuer ou corrompre. Elle est aujourd’hui tout à fait isolée : sa pauvre mère, affaiblie par tant d’années de privations et minée plus encore par les souffrances de sa fille, est morte il y a trois mois. Quand les cris d’Apolline m’apprirent qu’elle venait d’expirer, ému, je montai la consoler et lui offrir mes services en cette horrible circonstance. Je me chargeai des démarches funèbres, et la fis enterrer par la mairie. Pour la première fois, je parlais à Apolline : dire le coup qui me frappa, quand j’entrai dans cette