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détruire son illusion et sa foi qu’exploitent si galamment les comédiens.

Mais toi, Jean-Louis, qui as pénétré dans les coulisses, toi, qui as vu l’envers du palais, le ciel plat, et touché le fond ; toi, qui as vu de près et à nu les rois, banquistes caparaçonnés de paillons ; toi qui as vu la carcasse des duègnes au travers l’ocre et le plâtre dont elles sont badigeonnées ; toi qui as frayé la jeune première, si novice, si pucelle en scène, et dont la bouche exhale la pharmacie ; toi qui sais que les génovines ne sont que des jetons ; toi, pour qui les rois, les soudards, les nobles, les belles et les valets ne sont que de crapuleux baladins, qui font de l’honneur, de la gloire, de la justice, selon leur rôle imposé ; Pharisiens, qui, loin des yeux de l’amphithéâtre, se traînent dans la débauche et se baignent dans la turpitude ; toi, Jean-Louis, qui n’es plus fasciné, débarbouillé de l’erreur, écouteras-tu la farce jusqu’au bout ?… resteras-tu jusqu’au bout dans la tourbe du théâtre, bénévole spectateur à gueule bée de cette ignoble pantalonnade ?… Ô Jean-Louis, tu serais trop déchu !

Je ne t’en veux pas, parce que maintenant tu