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disent les impudents flagorneurs, les renards mangeant le fromage d’une bourgeoisie ignorante, orgueilleuse, qui, comme un coq d’Inde, se pavane dans sa crotte, — pour retourner au champ d’où ton aïeul était parti, s’enrôler à la cité plat valet. Tu as eu la grossièreté, comme on dit, la folie de préférer le sarreau de toile et la blouse au pantalon à lacets et sous-ventrières, au gilet à étaux, à la redingote asphyxiant par la strangulation, croisant au cabestan, à la cravate en carcan, aux bottines savonnées de talc, aux gants glacés, éphémères ; costume d’aisance, dans lequel on est emballé commodément, pourvu qu’on n’emploie ni ses mains, ni ses pieds, qu’on ne tourne pas la tête, qu’on ne se penche ni en avant ni en arrière, qu’on ne s’agenouille, ni s’asseoie. Tu as échangé le grand village contre le village, le spectacle du vaudeville contre celui de la nature, les rues passantes à escarpe et contrescarpe de boutiques, grouillantes de fiacres et de tombereaux, contre des chemins déserts, campagnardement bordés de haies vives et de futaies ; là, rien pour badauder, ni estampes aux vitrages, ni jongleurs sur la borne, ni sirènes exhalant l’eau-