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impunément venir arracher de mes bras ma bien-aimée ? Oh ! vous vous abusez fort, monsieur le céladon tardif ! — Vous étiez venu semer de l’ivraie dans mon champ. — Vous étiez venu, sans doute, mendier de l’amour pour de l’or. — Cette femme est à moi, je la garderai, je la veux, j’en ai besoin, je la défendrai contre tout agresseur, je la maintiendrai ! Mort à quiconque viendra, comme vous, braconner sur ma terre ! — Vous vous battrez, monsieur le colonel !

— Je vous tuerai.

— Nous connaissons votre réputation funestement célèbre. Mais comme je ne sais pas manier l’épée et que d’ailleurs je suis myope et ne puis tirer le pistolet, je vous prierai de vouloir bien vous en remettre au hasard !

— À votre aise : d’autant plus que je n’aime pas l’assassinat et ce serait vous assassiner : quel que soit votre courage, la lutte serait inégale ; que faire contre une adresse infaillible ? — Le hasard peut seul balancer les chances, je m’en réfère au hasard. — Mais réfléchissez, mon cher ami, il me déplaît d’aller sur le terrain pour un léger motif : je vous dirai, franche-