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— La science n’a que de faux-semblants, la science est vaine.

— Vous n’avez donc ni passion, ni amie ?

— À tout jamais, j’ai perdu l’un et l’autre.

— Ce n’est pas à vingt ans qu’on perd l’amour, et la perte d’une amie, quelque grande qu’elle soit, n’est pas irréparable.

— Je suis blasé.

— Votre œil luit et votre cœur bat, vous ne l’êtes pas.

— J’ai vu tout au clair.

— L’amour même ?

— L’amour ! — Mais qu’est-ce donc que l’amour ? — On l’a poétisé à l’usage des niais. — Un grossier besoin périodique, une loi criarde de la nature, de la nature éternelle qui reproduit et multiplie, un penchant brutal, un charnel croisement de sexe, un spasme ! rien de plus ! Passion, tendresse, honneur, sentiment, tout se résume en cela.

— Quel odieux langage !

— Hier, je ne parlais pas ainsi ; hier, j’étais encore abusé, mais bien des voiles sont tombés de mon front depuis hier ; personne n’a été plus que moi plein d’illusions et de croyances, per-