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et vous attacher à la vie, au premier choc vous tomberiez à plat. Les femmes ne valent pas de sacrifice. — Aimez comme vous chantez, comme vous montez à cheval, comme vous jouez, comme vous lisez, mais pas plus. Ne comptez sur elles pour rien de stable, de noble et de pur, vous seriez trop amèrement déçu. Pardonnez-moi si je vous dis tout cela : ce n’est pas pour arracher vos illusions de jeunesse et vous faire vieux et blasé, c’est pour vous sauver bien des traverses, bien des abîmes. En ce cas, les conseils d’un misérable sont souvent dignes d’être entendus et suivis, surtout quand ce misérable a été fait misérable par celles en qui vous déposez votre seule foi et votre vie ; on se fait son destin. — Comme vous, j’ai cru, je me suis donné, je me suis perdu ! j’ai été jeune et brillant comme vous : prenez garde ! ce sont elles qui m’ont fait exilé, bateleur et valet.

— Oh ! ne craignez pas cela pour moi, mon brave : quand l’amour, seul câble qui amarre encore ma barque au rivage, sera rompu, tout sera dit ; je me tuerai !…

— Ami, arrêtez ! arrêtez ! nous allons passer la maison : C’est ici, là, à cette porte, s’écria alors Passereau, glissant un