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Éveillé par le hennissement des chevaux, Rochegude ouvrit précipitamment la croisée de sa chambre, fit claquer les volets sur la muraille, et, stupéfait, cria d’une voix forte à Aymar :

— Tu ne partiras pas, ou je te déshérite et maudis !…

— Je pars, mon père, répondit Aymar, et pour le reste qu’il soit fait selon votre volonté ; mon autre père, là-bas, me bénira.

— Tu ne partiras point, je te crie !…

Rochegude disparut de la croisée.

Aymar et sa caravane se mit en route ; à peine était-il au milieu de l’avenue, que Rochegude reparut sur le perron, à demi nu, une arquebuse en main.

— Arrête, parricide ! arrête, je te maudis !… Que la foudre t’écrase ! que l’enfer t’engouffre ! T’arrêteras-tu, te dis-je ? je te maudis et te chasse ! C’est ton père qui te maudit et le ciel en est témoin !… Tu ne partiras pas !

Il frappait sur la dalle et se heurtait la tête aux piliers du porche, la maison tressaillait ; c’était affreux à voir. Aymar, en silence, s’éloignait toujours ; quand il fut près du détour