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pour lui sont des hérétiques et des voleurs. Non seulement, aujourd’hui il me menace de me déshériter, mais, pis encore, de me faire claquemurer dans une prison d’État, à Pierre-Encise, à la Bastille, je ne sais où, peut-être à la Grande-Chartreuse. J’ai perdu à peu près l’espoir de le fléchir, cependant j’essaierai prochainement une nouvelle tentative, et quoi qu’il advienne, je serai bientôt près de toi béni ou maudit.

« Embrasse bien Léa ma mère, embrasse bien mon père Judas, j’ai besoin plus que jamais de leur bénédiction.

« Pour toi, ma Dina, je t’adore, et mon âme te contemple comme une arche sainte.

« Si tu trouvais le loisir de m’écrire une consolation, adresse-moi ce billet, non à Dieulefit, à cause de mon père, mais à Montélimart à l’enseigne du Bras-d’Or, elle me parviendra. »


Cette lettre emplit de joie et navra Dina : cette bonne fille s’accusait des malheurs d’Aymar, et se regardait coupable des mauvais traitements et des tempêtes que son amour pour elle lui faisait essuyer. Elle ne pouvait comprendre ce vieux Rochegude, le père de son