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« Depuis que je suis arrivé à Dieulefit, j’ai eu plusieurs explications et entretiens avec mon père ; ces entretiens ont tourné en altercations, et ces explications n’ont rien expliqué, comme tu le penses. Mon père est toujours bardé et crénelé dans sa volonté, rien ne peut fléchir sa sauvage fermeté. Sa violente irritabilité ne fait que s’accroître ; cependant, depuis quelques jours, il feint, pour me gagner, sans doute, une douceur mielleuse qu’il n’a pas accoutumé de distiller. Le matin de mon arrivée, j’ai été horriblement maltraité : cet homme fier avait sur le cœur mes trois sommations révérencielles ; ma volonté persévérante le heurtait, il m’a couvert de tout son fiel, il a blasphémé, et invectivé contre moi ; je gardais le silence, et vois jusqu’où vont ses emportements, moi jeune, ce vieillard m’a jeté à terre, j’embrassais ses genoux, il m’a frappé du pied.

« Après ces accès, où il dépense tant de vie, la faiblesse et le froid s’emparent de lui, souvent il s’alite plusieurs jours.

« Il ne veut en aucune manière entendre parler de mon alliance avec toi, avec une hérétique, une Bohème comme il t’appelle ; les Israélites