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longs cheveux roux, m’inondait du nard qu’ils exhalent ! joyeux, nous parcourrions cette belle patrie, nous gravirions au plus haut pic, et tous deux, sous le même manteau, perdus dans les brumes, nous verrions sous nos pieds des planchers de nuages, et nous saluerions l’immensité, et l’esprit du Dieu d’Israël qui habite les hauts lieux, nous visiterait !… Pardon, pardon, la souffrance m’égare… Mais, cependant, n’est-ce pas, tout cela serait beau ? Nous vaguerions depuis la grotte de Balme jusqu’à Briançon, aire d’aigle ; depuis les ours de Saint-Jean-de-Maurienne jusqu’au château fort de Viviers, posé comme un chapeau sur la cime d’une roche hautaine.

« Un montagnard du Monestier, dernièrement, m’a vendu un jeune aigle, je l’élève pour me distraire ; vous ne vous fâcherez point, si pour redire souvent votre nom balsamique, je l’ai nommé Dina. Mon père et tous les gens qui me visitent s’étonnent de ce nom et m’interrogent pour en connaître la source, je ne sais que leur répondre, j’allègue ma fantaisie. Ces braves Dauphinois aimeraient mieux sans doute que je l’appelasse Margot.