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la Genèse. S’il en est ainsi, soyez ma sœur, permettez que je vous accompagne, et nous parlerons.

— Je mets ma confiance en vous, monsieur.

— Depuis long-temps habitez-vous Lyon ?

— J’y suis née, monsieur.

— Votre beauté aurait dû me l’apprendre : mais depuis quand quittâtes-vous Avignon ?

— Le lendemain que vous me vîtes à la sérénade. C’est peut-être mal d’être franche ainsi, mais je ne puis mentir ; à votre vue je me sentis touchée et assaillie d’un sentiment nouveau ; je m’étais aperçue de votre trouble et j’interprétai votre courtoisie. Quand nous nous levâmes au départ, vous étiez debout appuyé contre une palissade ; vous étiez tellement absorbé que nous passâmes près de vous et que mon père vous salua sans que vous l’aperçussiez ; je me retournai plusieurs fois en chemin et je ne vis personne. C’est peut-être messéant d’avouer tout cela ; mais cependant, c’est la vérité. Votre souvenir m’agita toute la nuit. Je fis tous mes efforts pour retarder le départ de mon père, dans l’espoir de vous revoir aux sérénades, mais ce fut en vain : mon père, qui fait le com-