Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gerez point, j’espère, la prescience de sa richesse ; a-t-elle de l’or ?

— Vous demandez si l’or a de l’or, si le soleil est radieux : oui ! maître, elle a assez d’or pour écraser sous le poids de sa dot la plus forte haquenée.

— Vous êtes jeune, seigneur Aymar, qui peut donc vous pousser sitôt aux épousailles ? croyez à ma prud’homie, il faut user dans les guérets le feu du poulain emporté, il faut courir et beaucoup faire par le monde avant de cloîtrer son amour en une femme ; c’est chose grave que d’engager foi éternelle. Tenez, moi, j’entrai dans la confrérie à quarante ans, c’est pardieu ! le bel âge ; on commence à redescendre la vie, il faut un appui, il faut au pèlerin qui se voûte un bâton, une hôtesse qui le soigne ; on choisit alors femme douce et bonne, ayant un patrimoine alléchant ; c’est ainsi que j’ai fait, on ne saurait mieux faire. La jeunesse, voyez-vous, doit se passer dans l’orage et le bruit ; quand je songe à ma vie de Paris, à ma vie de vingt ans, de clerc de la basoche !… Aussi, y fis-je époque, y suis-je resté en proverbe, y sers-je d’ère pour supporter le temps :