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— Eh ! que fais-tu donc ? prends garde, on te dirait assis sur une escarpolette.

En effet, Barraou commençait à passer de l’entrain à l’ivresse. Il chantait en se berçant, s’emportait et frappait sur la table, riant aux éclats, récitant des prières et de grossières farces, semblables à ces espèces d’improvisations des arriéros Biscaïens qui vont, lorsqu’ils ont la tête en belle humeur, juchés sur leurs mulets, chantant et amalgamant la Bible et le Nouveau Testament d’une manière tant soit peu affriandée.

Après s’être long-temps combattu, et avoir lancé mille propos graveleux qui dégoûtaient Amada, il se pencha sur la table et s’assoupit.

— Nous ne pouvons le laisser en cet état, aidez-moi, Cazador, à le coucher sur cette natte ; il y sera mieux pour passer son vin. Oh ! le vilain ivrogne !…

Barraou se laissa transporter.

— Cazador, ôtez-lui son cuchillo, là, de ce côté, il pourrait se blesser. Jetons sur lui cette cape : — Que faites-vous ? Cazador, ne lui couvrez