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ignorance crasseuse, les traitait-il avec mépris et dégoût ! Il disait aussi avec orgueil qu’il avait été chassé de toute école.

Comme l’étude était sa seule passion et que la seule langue latine n’étanchait pas sa soif de savoir, il s’entourait toujours de cinq à six grammaires d’idiomes anciens et modernes, et d’ouvrages savants qu’il se procurait avec peine, et que ses maîtres honteux lui brûlaient à mesure.

Déjà, en ce temps, il portait en lui une tristesse, un chagrin indéfini, vague et profond, la mélancolie était déjà son idiosyncrisie. De ses anciens condisciples se rappellent l’avoir vu passer très souvent des jours entiers à verser des larmes amèrement, sans causes connues ou apparentes, lui-même plus tard n’a jamais pu définir ces désolations. Assurément la vie en communauté forcée l’avait jeté dans cet état chronique de souffrance, et cette souffrance, cet ennui exaltaient ses organes sensitifs et aiguillonnaient sa chagrine irritabilité.

Le cours de sa brève carrière fut semblable au cours de ces torrents dont on ignore la source, qui