Page:Borel - Œuvres complètes, II, 1922.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




25 août


Jamais je n’oublierai l’heureux instant, madame,
Où dans la cour d’Eugène enfin je vous revis :
Je devins fou tout bas, mes sens étaient ravis ;
Un bonheur inconnu descendit en mon âme.

Comme le cerf bondit vers sa biche qui brame,
Comme l’émerillon fond sur un cochevis,
Comme un enfant descend, éperdu, d’un parvis,
Comme sur un esquif vient déferler la lame,

J’accourus sur vos pas. A ce bruissement
Vous tournâtes la tête et dites : Ah ! c’est Pierre !
Et je reçus de vous un doux embrassement.

Une larme de joie errait sous ma paupière,
Mon cœur était rempli d’un indicible émoi…
Ail ! madame, soyez toujours bonne pour moi !