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VI
PRÉFACE.

d’une branche cadette de la Maison de Gontaut Biron[1], avait épousé Jeanne de Salignac, issue d’une fort ancienne famille de Périgord, dont plusieurs membres s’étaient déjà rendus illustres à la guerre et dans l’Église.

Après la mort de Bertrand de Salignac, père de Jeanne, Armand de Gontaut, dont la fortune n’était pas considérable, fut obligé pour conserver la baronnie de Salignac de vendre ses biens patrimoniaux[2]. Attaché au roi de Navarre qui l’avait nommé son lieutenant général en Périgord[3], il embrassa avec

  1. Voir l’extrait généalogique aux pièces justificatives.
  2. Armand de Gontaut, dans son testament fait en 1583, déclare « qu’il a acheté de ses deniers la baronnie de Salignac. » Par suite de cette acquisition et selon l’usage à cette époque (où les gentilshommes portaient toujours le nom de leur terre ou seigneurie), Armand et Jean son fils ne furent plus connus que sous ce nom de Salignac. Quelques historiens modernes et annotateurs de mémoires, ne tenant pas compte des coutumes anciennes, ont confondu Jean de Gontaut, baron de Salignac, avec l’un des membres de la Maison de Salignac, le plus souvent avec Bertrand de Salignac, seigneur de la Mothe Fénelon (qui cependant était toujours désigné par son nom de Fénelon). Celui-ci, qui assista au siège de Metz, en 1552, et en écrivit la Relation, fut ambassadeur en Angleterre, sous Charles IX et Henri III, puis ambassadeur en Espagne, et termina ses jours en 1599 ; tandis que le baron de Salignac (Jean de Gontaut) mourut ambassadeur à Constantinople, en 1610 (voir aux pièces justificatives l’extrait généalogique). Il y a lieu de remarquer que la baronnie de Salignac était, avant le XVIIe siècle, indistinctement appelée Salignac ou Salaignac, mais que Jean de Gontaut signait ses lettres Salagnac ou Biron Salagnac, tandis que ses contemporains et le roi lui-même le désignaient presque toujours sous le nom de baron de Salignac.

    Signalons ici quelques erreurs commises par ceux qui ont eu occasion de parler de Jean de Gontaut : le P. Anselme le fait mourir avant le 15 août 1608, et cite, à l’appui de son dire, une quittance de sa veuve, tandis qu’elle n’a pu signer cet acte que comme « procuratrice de son mari », ainsi qu’on la voit désignée dans deux quittances de novembre 1608 (Bibliothèque nationale. - Pièces originales Gontaut, fol. 135 et 136). - Dans L’Estoile, Journal de Henri III, édition de 1744, tome I, page 276, l’annotateur l’a confondu avec l’un des fils du maréchal Armand de Biron, également appelé Jean. Berger de Xivrey, s’en rapportant aux assertions du P. Anselme, le fait mourir en 1604 (Lettres missives de Henri IV, t. I, p. 236).

  3. Armand de Gontaut, baron de Salagnac, conseiller du privé conseil, chambellan du roi de Navarre et son lieutenant général au comté de Périgord et vicomté de Limoges (P. Anselme, t. VII, p. 309).