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PRÉFACE. XXX

auxiliaires envoyés d’Allemagne, faisoit des démarches pour amener un rapprochement avec Henri de Béarn. Les pourparlers durèrent longtemps sans aboutir. Enfin on convint qu’une réunion se tiendrait au château de Saint-Bris près Cognac, vers la mi-décembre. Le roi de Navarre y conduisit ses plus fidèles amis, et parmi eux le baron de Salignac. Ce dernier avait eu plusieurs fois déjà l’occasion de se rencontrer avec la Reine mère sur le terrain diplomatique, et connaissait par expérience les finesses de sa politique cauteleuse. Catherine de Médicis ne cherchait qu’à gagner du temps afin d’empêcher la jonction des forces allemandes avec les troupes protestantes. Mais le roi de Navarre était peu disposé à laisser traîner en longueur des conciliabules dont il n’attendait aucun résultat : il rompit les négociations, et, à l’expiration de la trêve, le 6 janvier 1587, il se remit en campagne.

La guerre se fit d’abord en Saintonge et Poitou où le duc de Joyeuse à la tête d’une armée nombreuse devait s’opposer à Henri de Béarn. Celui-ci déployait une activité dévorante. Une vingtaine de places tombèrent en son pouvoir, parmi lesquelles Talmont, Chizé, Saint-Maixent. Partout Salignac accompagnait son prince, payant de sa personne, ne craignant ni les dangers ni les fatigues. Les officiers, dit Sully, étaient sans cesse dans les tranchées, « mettant la main au pic, à la pioche et au louchet (bêche) ».

Joyeuse avait reçu l’ordre de combiner ses opérations avec Matignon afin de livrer bataille dans les conditions les plus avantageuses. Mais pressé de