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XII PRÉFACE.

nomma son conseiller et chambellan ordinaire. L’année suivante (1576), Henri de Béarn parvint enfin à s’échapper de la Cour et reprit solennellement l’exercice de la religion réformée. Il s’efforça, en même temps, de ressaisir la direction de son parti, qui, depuis la Saint-Barthélemy, lui montrait une grande défiance.
Le traité de Beaulieu vint interrompre un instant les hostilités; mais l’organisation de la Ligue et la révocation de l’édit de paix donnèrent le signal de la reprise des armes. Dès lors le roi de Navarre résolut de concentrer en ses mains toutes les forces dont il pourrait disposer, et, prenant l’offensive, de harceler les troupes de la Ligue, sans leur laisser de repos jusqu’à ce qu’elles eussent abandonné les provinces qui lui avaient été ravies. Il trouva, pour l’exécution de ces projets, des auxiliaires dont le dévouement fut à la hauteur de la tâche. Quelques gentilshommes aguerris, pleins de courage et d’énergie, ne ménageant ni leurs fatigues ni leurs peines, et décidés à sacrifier leurs intérêts particuliers pour se vouer entièrement à sa cause, se groupèrent autour du prince, lui amenant les troupes qu’ils avaient recrutées à grand’peine. Ce fut là le noyau de cette petite armée qui, grossissant sans cesse, devait enfin conquérir le pays tout entier. Chaque jour on en venait aux mains : tantôt c’étaient des escarmouches, tantôt des attaques de villes ou des assauts. Salignac était du nombre des gentilshommes qui se distinguaient dans ces luttes incessantes. Pendant l’année 1577, il se signala particulièrement à l’attaque de La Réole, qui fut prise par escalade « avec des échelles de plus de 60 pieds »