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de La Rochelle. C’était après la Saint-Barthélemy : Henri de Béarn, devenu roi de Navarre après la mort de sa mère, avait été forcé, pour sauver sa vie, d’abjurer le protestantisme et, subissant les exigences de la Cour, de conduire sa compagnie devant cette place pour y lutter contre ses coreligionnaires. Le siège terminé, le jeune baron de Salignac passa dans la compagnie de son cousin le baron de Biron[1] qui était alors grand maître de l’artillerie et devait, quelques années plus tard, devenir maréchal de France. Bientôt il dut quitter la compagnie de Biron. Un nouveau parti s’était formé sous les murs de La Rochelle, à l’instigation du duc d’Alençon, frère du Roi, qui, pressé de jouer un rôle dans l’État, avait réuni autour de lui et sans distinction de religion, tous ceux qui pensaient avoir à se plaindre de la Cour. Henri de Navarre s’était facilement laissé entraîner dans ce parti dit des malcontents. Il espérait, à la faveur des troubles, recouvrer sa liberté et obtenir pour les protestants les sûretés qu’on leur avait refusées jusqu’ici. Forcé lui-même à l’inaction, il envoya ses amis en Gascogne pour préparer le soulèvement des réformés et hâter une prise d’armes. Le baron de Salignac se chargea de constituer une compagnie de chevau-légers, et, dès 1574, il put tenir la campagne et amener sa troupe au vicomte de Turenne qui se trouvait déjà à la tête d’une armée considérable.

Pendant les années suivantes, il rendit de grands services à la cause du roi de Navarre, qui, en 1575, le

  1. Biblioth. nat., ms. fr. 21533 : Montre de la compagnie d’Armand de Gontaut-Biron faite à Saintes, le 15 novembre 1573.