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M. RUDYARD KIPLING


LA LUMIÈRE QUI S’ÉTEINT


A Louis Bordeaux.

De nombreuses traductions tentent de nous offrir aujourd’hui la fleur des littératures étrangères. Les faut-il accuser de choix imprudents ? Ces littératures nous demeurent-elles impénétrables par quelque côté, ou convient-il de croire qu’elles ne témoignent point d’un art plus fort ou plus délicat que les ouvrages de notre sol ? Pour un Tolstoï, un Ibsen, un d’Annunzio, un Kipling, combien nous présentent-elles de noms éphémères et d’œuvres vouées au prompt oubli ? Pour un Quo vadis, que de méchants et ennuyeux ouvrages les inexorables traducteurs de l’inévitable Sienkiewicz n’ont pas rougi de nous présenter ! Elles ont néanmoins, ces littératures, l’attrait de la nouveauté, et ce charme du voyage qui bien souvent n’excite en nous que l’amour du foyer. Par le lien qui relie l’art à la nature, à la race et à l’histoire, elles nous permettent encore de mieux connaître le temps présent, et ces hommes qui parlent une autre langue.

J’ai déjà proclamé mon admiration pour M. Rudyard Kipling, et la magnifique jeunesse de ses deux Livres de la Jungle (i). Voici que l’on publie coup sur coup deux romans signés de son nom : le Naulahka et la Lumière

(i) V. les Ecrivains et les Mœurs, 1re série, pp. 309 et suiv.