Page:Bordat - L'Esprit continental. Les États-Unis contre l'Europe, 1943.djvu/6

Cette page a été validée par deux contributeurs.

socialiste du Travail : donner à l’industrie la certitude de profits raisonnables, aux travailleurs l’assurance d’un salaire suffisant, supprimer grèves et lock-outs et établir la paix sociale. L’un et l’autre considéraient le retour à la terre comme un élément capital de la prospérité de leur pays.

J’arrête ici cette énumération de certaines vues communes énoncées par les deux chefs d’État au moment de leur prise de pouvoir. Elle suffit à marquer la ressemblance de leurs desseins hautement avoués.

D’où vient donc que, partis des mêmes principes, ils aient, l’un réussi, l’autre échoué ? Et comment expliquer que ce soit précisément celui qui travaillait sur le terrain le plus ingrat qui ait atteint l’essentiel de ses buts, tandis que l’autre, plus favorisé, le manquait ?

C’est que, si les principes des deux chefs s’apparentaient, ces chefs eux-mêmes différaient totalement. En admettant qu’ils aient été tous deux sincères — ce dont on peut douter pour Roosevelt qui a violé les promesses cardinales sur lesquelles il s’est fait élire, en 1940 aussi bien qu’en 1932 — il est certain qu’Hitler, seul des deux, a prouvé sa sincérité en agissant.

On s’en rend compte aux résultats atteints mais on le comprendra mieux en confrontant les méthodes employées car, s’opposant radicalement, elles se ressentent de ce fait que, politicien, Roosevelt a parlementé tandis que, révolutionnaire, Hitler a simplement gouverné.


NATIONAL-SOCIALISME ET NEW DEAL

Le National-Socialisme est une doctrine morale résultant de longues méditations, fixée une fois pour toutes, aux règles permanentes et rigides ; le New Deal, un système politique improvisé, un empirisme, aux procédés opportunistes et flottants.

Mein Kampf est une bible ; Looking forward une thèse de circonstance.

Hitler est lui-même un homme du peuple, au milieu duquel il a vécu, dont il a partagé la misère et dont il connait les ressorts ; Roosevelt est né bourgeois, n’a jamais fréquenté que des bourgeois, et ne sait de la démocratie que ce qu’il en a théoriquement appris à l’Université d’Harvard.

Les desseins de Hitler, sa propagande, ses buts, s’inspirent d’un idéal : l’épuration de la race et le réveil de la culture allemande dans l’union nationale et sociale ; les intentions de Roosevelt, ses procédés, ses objectifs ont pour fin l’intérêt matériel ; la maîtrise des marchés, l’accaparement de l’or, la monopolisation du crédit.

Hitler est un apôtre et, comme tel, il a des disciples ; Roosevelt est un intellectuel spéculateur et n’a que des clients.

Sûr de son fait, le premier réalise en ligne droite son « rêve intérieur », ne voit que son idée, la claironne, se soucie peu des objections, ignore les transactions, traque l’adversaire, pour tout dire

— 6 —