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contre Hitler. Mais il a, ce faisant, témoigné de la même inconséquence que dans l’application de son New Deal. Il a visé au bénéfice de la victoire alliée sans vouloir en courir le risque, il a bluffé le monde et son peuple, et voici que, justice immanente, les États-Unis sont en passe d’être les grands vaincus de cette guerre.

Il faut bien dire que l’échec de leurs combinaisons sauvera la civilisation européenne du plus grand péril qu’elle ait couru depuis les invasions barbares. Comme au temps de ces invasions, il s’agit en effet, non d’une guerre entre peuples jaloux d’accroître leurs domaines ou d’étendre leur domination, mais du choc de deux mondes, de deux humanités, de deux concepts qui se heurtent.

Car la lutte a changé de caractère depuis que l’Amérique a prétendu lui donner, sans y prendre part, l’allure d’une croisade pour la liberté démocratique, et il s’agit maintenant de savoir qui l’emportera d’une idéologie anglo-saxonne fondée sur l’asservissement à la matière ou d’un système bâti sur l’affranchissement des esprits.

Tout le reste est devenu secondaire.

Depuis que l’Allemagne a relevé le gant, il est devenu clair qu’elle ne combat plus que pour elle-même mais pour un idéal supérieur auquel, dès aujourd’hui, toute l’Europe s’est ralliée. La vraie croisade, c’est elle qui en a pris la tête.

Sa campagne contre le bolchevisme en était le complément indispensable. Toutes les nations du continent lui ont apporté leur concours réel ou symbolique, et le moins impressionnant dans cette affaire n’est pas de voir les trois couleurs françaises librement associées aux étendards à croix gammée. Cela devait être.

Le communisme, a dit un jour M. Motta, président de la Confédération helvétique, mort l’an dernier, est, dans chaque domaine, religieux, politique, social, économique, la négation la plus radicale de toutes les idées qui sont notre substance et dont nous vivons.

Le communisme tue la famille, abolit l’initiative individuelle et organise le travail en des formes qu’il est difficile de distinguer du travail forcé.

Le communisme russe aspire à s’implanter partout. Son but est la révolution mondiale. Sa nature, ses aspirations, sa poussée, le mènent à la propagande extérieure. Sa loi vitale est l’expansion qui déborde les frontières politiques. Si le communisme y renonce, il se renie lui-même ; s’il y demeure fidèle, il devient l’ENNEMI DE TOUS, car il nous MENACE TOUS.

Toute l’Europe s’en rend compte aujourd’hui, et c’est pourquoi nous la voyons unie, dans l’oubli de ses divisions, pour se défendre.

Seule d’entre ses nations, l’Angleterre prend le parti du barbare contre la civilisation. Cela manque sans doute de nobleness et de clairvoyance, mais elle défend, comme elle le peut, sa peau.

Cependant, que penser d’une Amérique qui, plus que tout autre pays peut-être, a flétri et honni le communisme, et qui vient aujourd’hui l’appuyer dans sa résistance à l’assaut que lui donne, au nom de toute la chrétienté, l’Allemagne ? Que penser de cette collusion entre le bolchevisme et le super-capitalisme ?

Que les États-Unis jettent le masque en se déclarant les enne-

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