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fures ; au deuxième rang pour le cuivre, le fer, l’argent et la bauxite ; au troisième rang pour l’or.

Cette supériorité n’est absolue qu’en ce qui concerne le pétrole dont les États-Unis produisent 130 millions de tonnes, les 68 % du monde. Encore convient-il, sans parler de la production synthéthique, d’observer qu’il existe en Europe, et aussi en Afrique, nombre de gisements inexploités bien que connus. Évoquons à titre d’exemple celui de Tselfat, au Maroc, où s’est manifestée en 1934 une éruption caractérisée par une colonne de 70 mètres de hauteur et un débit initial de 300 tonnes par 24 heures d’huile de forte teneur en produits blancs, autorisant de si brillants espoirs que, dit-on, les maîtres anglo-saxons du pétrole s’en inquiétèrent et intervinrent subrepticement pour en « ralentir » la prospection : le fait est qu’on n’en a plus parlé, après un incendie vraisemblablement provoqué.

Que de ressources, que d’inventions, que de procédés industriels ont été ainsi étouffés chez nous par les coalitions financières internationales ! C’est là ce qu’on appelait la « libre » concurrence, concurrence purement destructive, consistant à étouffer dans l’œuf toute entreprise rivale dangereuse, au mépris de l’intérêt général et du progrès, pour le seul profit de quelques-uns. Tel est le genre de « liberté » pour lequel les grandes démocraties continuent d’ensanglanter le monde.

L’Europe extrait de son sol 600 millions de tonnes de houille, les États-Unis 515, l’Afrique 13. Les deux groupes sont exportateurs, donc indépendants. Mais l’Europe produit 55 millions de tonnes de lignite contre un demi million de tonnes aux États-Unis, et 65 millions de tonnes de coke contre 48.

Si les États-Unis l’emportent de beaucoup sur l’Europe pour le cuivre : 828.000 tonnes contre 150.000 + 138.000 en Afrique ; pour le zinc : 624.000 tonnes contre 392.000 + 33.000 ; pour le plomb : 566.000 tonnes contre 270.000 + 63.000, l’Europe les surclasse pour le fer : 90 millions de tonnes + 4 millions en Afrique contre 63 millions ; pour le manganèse : 1.088.000 tonnes + 570.000 contre 196.000 ; pour l’étain : 5.100 + 11.900 tonnes contre 0 ; et pour la bauxite : 1 million de tonnes contre 370.000.

En ce qui concerne la houille blanche, les États-Unis et l’Europe sont à peu près à égalité d’exploitation — 12 à 15 millions de C. V. — mais les réserves de l’Eurafrique sont infiniment plus importantes ; 72 millions de C. V. en Europe, 186 millions le C. V. en Afrique, 35 millions de C. V. aux États-Unis.

Si nous considérons l’ensemble des forces d’énergie naturelles à la disposition des deux groupes — houille, pétrole et houille blanche — il apparaît que l’Europe n’est pas la moins privilégiée.

Contrairement à ce que beaucoup supposent, la grosse industrie européenne du fer et de ses alliages est dès aujourd’hui plus considérable que celle des États-Unis : production de fonte brute en Europe 46 millions de tonnes contre 39 millions ; production d’acier brut 53 millions de tonnes contre 50 ; production de fer laminé 34 millions de tonnes contre 33.

L’Eurafrique est moins bien servie pour la fonderie du cuivre ; elle en consomme 850.000 tonnes alors qu’elle n’en produit que


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