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7 millions de quintaux de viande de bœuf, 8 millions de quintaux de laine, 1 million de bovins et 1 million de porcins !

La production eurafricaine de sucre est de 8.930 millions de tonnes (Europe 8.156 millions), celle des États-Unis de 1.023 millions. La production de tabac est de 460 millions de tonnes contre 630 millions. Le café, le thé, le cacao, que l’Afrique peut fournir, manquent aux deux groupes, de même que le caoutchouc. Quant au coton, les États-Unis en produisent 30 millions de quintaux et l’Afrique 5, sur un total mondial de 57 millions, mais les plantations africaines sont, on le sait, susceptibles d’une extension considérable.

En somme, tous les produits de la terre, sauf le coton, et de l’élevage, sauf le mulet, se trouvent en quantités absolues plus abondants en Europe qu’aux États-Unis. Considérée relativement au chiffre des populations, la production européenne, telle qu’elle existe actuellement, c’est-à-dire sans tabler sur son éventuel accroissement continental et colonial, laisse parfois, par tête d’habitant, moins de boni que la production américaine, mais dépasse la consommation. Il en résulte que l’Européen peut vivre de son sol, sur son sol, et que l’Eurafrique se passera aisément des importations de céréales (165 millions de quintaux en 1937), de sucre (35 millions de quintaux), de beurre (573.000 tonnes), de vin (10 millions d’hectolitres), de viande (7 millions de quintaux), d’œufs (330.000 tonnes), de fruits et de pommes de terre que son inorganisation l’obligeait jusqu’alors à faire venir des autres continents. Seuls lui manqueront, si l’on fait abstraction des possessions européennes d’Asie, le riz, le café, le thé, et certains produits accessoires typiquement tropicaux dont l’achat se trouvera largement compensé par la vente de ses excédents. Elle est donc assurée sur ce point d’une indépendance absolue et d’une balance commerciale active, en tout cas affranchie de l’intervention américaine.

Ajoutons, en pensant au coton, à la laine, à la soie, que l’utilisation des fibres artificielles par les industries de remplacement ouvre à l’Europe de nouvelles perspectives d’affranchissement.

Quant au caoutchouc, les États-Unis sont placés pour savoir la valeur du néoprène, mais nous sommes en mesure d’apprécier la valeur du buna de fabrication allemande, tiré d’un sous-produit de l’acétylène — c’est-à-dire du charbon et de la chaux — dont la résistance et la durée sont de 20 à 30 % supérieurs à celles du caoutchouc naturel… et du caoutchouc synthétique américain.

Passons aux produits du sous-sol.

Là aussi les États-Unis présentent une impressionnante supériorité relative. Ils sont au premier rang des nations pour le pétrole, pour le charbon, le plomb, le zinc, les phosphates, les sul-


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