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Elle frémit ainsi qu’une blanche antilope
Qu’émeut l’errant amour de son époux lointain.
Elle a dans sa main frêle une branche du thym,
Et dans ses cheveux noirs des fleurs de renoncule.
Sous la lune, en un pâle et moite crépuscule,
Confiante, elle attend que quelque char ailé
L’emporte doucement vers le ciel étoilé,
Et croit, sitôt qu’un souffle anime les broussailles,
Que le beau Prince Azur vient pour des fiançailles ;
Mais craintive pourtant du Prince ravisseur,
Comme pour se garder, joint les mains sur son cœur.





Garde, garde ton cœur, ô petite amoureuse !
Et crains que le grand mal d’aimer, un jour, ne creuse
Un amer et profond sillon sous tes beaux yeux :
Victime dévouée à l’Amour soucieux,
Crains, trop aimante enfant, que, dans ton choix peu sûre,