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CHARLOT S’AMUSE

ils partaient tous deux en promenade, de grand matin. Il avait écrit à sa mère qui n’avait point répondu, et, repris de l’insouciance de son âge, il ne pensait plus aux misères anciennes, tout à ses jeux et à son travail. Car il avait, le petit, une assiduité à l’étude qui faisait la joie de ses maîtres. Son intelligence lente et sa mémoire rebelle servaient souvent mal ses efforts, mais, sa persévérance aidant, il parvenait à triompher des difficultés et apprenait chaque jour quelque chose.

Sa santé se raffermissait en même temps. Le sang revenait à ses joues avec ses yeux, bleus, ses boucles blondes et son teint blanc de fillette ; il faisait, lorsqu’il allait aux offices le dimanche avec les frères, l’admiration des mamans. À l’école, on l’avait baptisé bébé et le directeur et les maîtres eux-mêmes, en manière de jeu, lui donnaient aussi parfois ce petit nom câlin. Il avait lui-même conscience de ce mieux qui se manifestait en lui. L’exercice auquel il se livrait dans la cour, pendant les récréations, et la fatigue corporelle qui le terrassait, le soir, lorsqu’après le dîner, il imitait frère Eusèbe s’élevant au trapèze pendu aux platanes, ou se soulevant au poignet sur les barres parallèles, rendaient son sommeil lourd appesantissant invinciblement ses pau-