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CHARLOT S’AMUSE

tandis qu’une dernière larme tombait sur son assiette.

On bourra le gosse de biscuits ; mais le contre-maître empêcha qu’on lui fît boire du vin pur et qu’on reparlât de la mort de Duclos, et tout le jour il eût pour le petit les prévenances affectueuses d’un père. Le soir, quand on rentra à Paris, il ne voulut pas aller jusqu’à la maison de Charlot ; il avait peur de se retrouver en face de la mère. Au coin du quai, il quitta l’orphelin, après l’avoir embrassé plusieurs fois, et partit le cœur gros, non sans l’avoir suivi des yeux jusqu’à la porte.

Quand la veuve vit l’enfant rentrer seul, elle éclata comme une furie et le roua de coups.

— Demain, je te mettrai chez les frères ! cria-t-elle, furieuse de ce qu’il n’eût pas forcé Rémy d’entrer.

Et, pour noyer son désespoir, elle acheva de vider le litre de cognac entamé le matin par les croque-morts ; ensuite, elle eut une dispute ignoble avec les concierges. Deux heures durant, tous trois s’invectivèrent, les insultes ordurières remplissant l’escalier et réveillant les étages.

Charlot s’était couché, navré d’entendre encore reprocher à sa mère, avec des mots