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CHARLOT S’AMUSE

leur besogne. Un voisin avait remplacé le concierge, et, sans nouvel accident, doucement, le cercueil avait été descendu. Il reposait à présent sur le corbillard, et Rémy qui, depuis un moment, attendait sur le trottoir devant la porte, n’osant entrer, arrangeait les plis du drap et les couronnes d’immortelles apportées par l’équipe.

Peu à peu, après plusieurs allées et venues de l’officier-pleureur qui courait du char au logement de Duclos, le convoi se forma. Au bout de cinq minutes, il se mettait en marche, remontant le quai, lentement, à cause de la pente.

Immédiatement derrière le corbillard, la veuve conduisait le deuil, ayant à son côté un parent éloigné de son mari et tenant Charlot par la main.

Rémy et les autres ouvriers venaient de suite après, et la Bretonne, à sentir le contre-maître sur ses talons, oubliait tout, l’œil soudain sec, et relevait la tête, se dandinant dans ses vêtements de deuil et jouant de la croupe, prise du désir fou d’être aimée encore par cet homme.

Tout le long du chemin, puis au cimetière pendant la dernière cérémonie, elle n’eut pas d’autre pensée. Le regard atone, elle vit des-