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CHARLOT S’AMUSE

se pressaient avides, s’encaquant sur la balustrade pour faire place à des invitées de leurs amies. Seul et assis au bord du trottoir, Charlot pleurait, pris de l’envie folle de s’enfuir et, malgré lui, restant aussi, voulant voir.

De longues minutes s’écoulèrent en préparatifs. Les cordes étaient ou trop courtes ou trop minces, et le père Rosier ne cessait de courir, affairé. Puis, ce fut le rebord aigu de l’entablement de la croisée qu’on dut garnir pour que les câbles ne s’y limassent pas trop par le frottement. Enfin, ce furent les amarres d’attache qu’il fallut solidement fixer.

L’impatience grandissait dans le public. Seuls, au-dessous du logement de la veuve, les intimes gardaient, soit en souvenir, de leur liaison avec le défunt, soit dans la gêne de leurs vêtements de deuil, le décorum grave qui sied à des gens venus pour assister à une cérémonie funèbre. Les autres spectateurs, plus à l’aise, n’avaient pas la même attitude digne ; les gamins surtout. À chaque fois que de l’intérieur de la chambre mortuaire, un des croque-morts surgissait, se penchant à la croisée pour arranger les cordes, un hurrah saluait son chapeau pisseux, sa redingote râpée et la plaque professionnelle qui, sur sa poitrine, accrochait