Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.
56
CHARLOT S’AMUSE

autres, là-bas, dans le grand trou, à Saint-Ouen ?… Et après ?

Ce « et après » lui revenait toujours dans une incessante et triste interrogation, comme si le gamin, se refusant à la réalité poignante, eût mendié une réponse qui lui rendît l’espoir dont, depuis deux jours, on l’avait déshabitué avec une rudoyante pitié. Il s’agitait sur sa chaise, son petit cœur se crevant à voir sa mère en pleurs. On parlait bas autour de lui, et, pris d’impatience dans cette immobilité silencieuse dont il n’avait point l’habitude, il descendit dans la cour, fermant les yeux et grelottant de peur pour passer devant la porte du logement paternel, où maintenant trônait pour lui cette chose effrayante, ce mystérieux inconnu : la mort.

Personne ne fit attention à l’enfant, pas même ses camarades. Seul, le père Rosier l’invectiva, — par habitude.

Tout le monde à présent levait la tête vers le deuxième étage. Les ouvriers avaient déserté leur séchoir et, au premier rang de la foule, regardaient les fenêtres de Duclos. Quelques-uns faisaient de grands gestes, tous parlaient à la fois, les derniers venus s’enquérant de ce qu’on attendait là, le nez en l’air, et surpris du retard apporté à l’enterrement. De l’étroite al-