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CHARLOT S’AMUSE

À cette vie, cependant, Anne finit par perdre toute naïveté et, un jour, elle considéra la profondeur de sa chute. D’abord, elle eut peur, désespérée d’être tombée si bas et de se sentir aussi vile, sans avoir rien fait pour finir ainsi. Même, elle fut malade et pensa mourir. Des crises étranges la saisirent, et il lui sembla avoir hérité du mal maternel ; mais, une fois à peu près guérie, elle se laissa aller de nouveau, impuissante à résister à l’appel de ses sens et à l’habitude prise, renonçant à lutter, mais, réglant et cachant son dévergondage réfléchi, après l’avoir imprudemment étalé lorsqu’elle n’avait pas conscience de l’impudeur de ses dérèglements. Elle n’eut plus qu’un seul amant à la fois.

C’est alors qu’elle rencontra Duclos, le gazier. Tout de suite, l’homme lui plut. Lui l’aima, après l’avoir seulement désirée, touché de ce que, dans un moment d’attendrissement, un soir, elle lui avait avoué « avoir fauté » dans son pays. Et bravement il l’épousa, s’imaginant une de ces chutes d’une heure si communes parmi les filles des champs et que les gars réparent, souvent, devant l’écharpe du maire, mais qui, dans le cas de la Bretonne, était restée inexpiée à cause de la position du séducteur. En véritable ouvrier parisien, il s’em-