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CHARLOT S’AMUSE

sommeil, sous sa chemise débraillée, sa belle gorge de vierge rustique. Elle se réveillait, honteuse, rougissante, cherchant dans l’ombre qui tombait, si nul ne la guettait, et, tout en rappelant ses vaches, elle essayait de démêler ses songes confus, n’osant plus maintenant regarder l’image adorée qu’elle sentait sur sa poitrine, collée entre ses seins par la moiteur de la peau. Elle rentrait toute remuée et ravie encore d’une possession imaginaire, dans le souvenir mal précis des troublantes caresses de ce Sacré-Cœur mystérieux. Instinctivement, ou dans l’intime gêne de ses pudeurs de femme, elle taisait au confessionnal ses rêves divins. Un besoin de solitude lui venait qui la tenait tous les jours aux champs.

Elle ne put fuir entièrement pour cela les brutales poursuites des jeunes gens du voisinage. L’un d’eux l’accompagna, un soir, au sortir de l’église, et, la prenant à la taille, l’embrassa sur le chemin. Elle se défendit, luttant des pieds et des mains. Le gars, allumé par la résistance de cette belle fille qui se battait comme un homme, sentit s’exaspérer ses désirs. D’abord, il n’avait songé qu’à la lutiner mais, rendu furieux, il la renversa sur le talus, envahi brusquement d’une bestiale folie. Longtemps, ils s’étreignirent dans l’herbe, râlant