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CHARLOT S’AMUSE

volontairement noyée, après une attaque d’épilepsie… »

Donc, fatalement, il se suiciderait à son tour. Et, dans son ignorance des lois scientifiques, n’ayant sur l’hérédité que de vagues notions, il ancrait dans sa tête, peu à peu, l’idée qu’il devait finir comme sa grand’mère. Mais alors, puisqu’il fallait qu’un jour il en vint là, qu’attendait-il ? de souffrir davantage ? d’être irrésistiblement poussé par sa névrose ? Ce serait horrible, il ne pourrait choisir son genre de mort et il se manquerait peut-être, comme les gens dont il voyait chaque matin l’histoire dans les faits-divers de son journal. Il valait mieux se décider tout de suite, prendre toutes ses précautions et entrer dans la mort sans douleur, comme dans un sommeil.

Alors, il consulta le calendrier ; ce serait pour le 13 juillet, la veille de la fête nationale. À partir de ce moment, il ne vécut plus que comme une machine, ne pensant plus et s’abrutissant dans un apaisement mental d’une grande douceur.

Le 13 juillet arriva. Le choix de Charlot était fait depuis longtemps ; il se noierait au pied de l’écluse, dans le canal. La Seine l’apeurait avec son courant. Il préférait ce coin aimé, dont l’eau dormante et les pierres moussues lui