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CHARLOT S’AMUSE

venait de mourir, et la jeune fille fut emmenée en province par ses grands-parents.

Seul, il faudrait qu’il vécût seul. Il éprouva de telles révoltes contre la destinée, une telle exaspération contre la vie, en même temps qu’un tel dégoût de lui-même, qu’il tomba malade. Il eût une fièvre cérébrale, et pendant qu’une voisine se chargeait du bébé, on le porta à l’hôpital. Il y guérit.

La mort ne voulait pas de lui. Il n’y avait donc qu’à attendre, à lui préparer le terrain par une désorganisation plus savamment étudiée. Il résolut de vivre, comme si Fanny était toujours là et de ne plus s’abandonner aux coups de sa névrose que la nuit, et en se donnant l’illusion de la possession qui l’avait ravi jadis. Ses tortures physiques et morales s’accrurent et sa mélancolie augmenta de l’horreur qu’il s’inspirait à lui-même. Sa monomanie changea de direction, il rêva d’en finir par le suicide.

À ce moment, il rencontra par hasard le vieux Rémy. Il l’aborda dans la rue, se fit reconnaître, et, pendant quelques jours, les visites du brave homme lui furent une consolation distrayante. Ils parlaient du père Duclos, de sa mort dans l’égout, s’attendrissant tous deux à ce souvenir ; mais, un soir, Charlot raconta sa visite à la Salpétrière et comment il