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CHARLOT S’AMUSE

de son compagnon, puis il déjeuna avec appétit, se forçant à boire.

Pendant les trois jours que son ami resta à Paris, il ne pensa plus à cet incident. La vie lui semblait charmante. Le docteur, voulant l’arracher à son vice, s’ingéniait à l’amuser de toutes façons, lui enseignant la débauche à bon marché, la façon d’accoster les femmes. Tout à sa cure, le médecin, sans même y penser, se faisait le professeur d’un enseignement ignoble, et montrait à son élève comment il fallait s’y prendre pour faire connaissance avec les ouvrières rentrant seules au logis, lui recommandant celles qui n’étaient ni assez jeunes, ni assez jolies pour être suivies des calicots bellâtres ou des vieux dépravés. Il souhaitait de voir le jeune homme se lier avec une de ces pauvres filles auxquelles le mariage est interdit et qui, vivant dans le luxe tout le jour, s’ennuient à mort, le soir, auprès de leurs parents ouvriers, même quand l’éveil seul de leurs sens ne leur fait point rêver la rencontre d’un homme, la possibilité d’un amour tendre, comme ceux des feuilletons du Petit Journal, mais avec, en plus, les chaudes et troublantes caresses dont la corruption de l’atelier les entretient tout le jour.

En accompagnant le médecin à la gare,