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CHARLOT S’AMUSE

leuse promenade, dont il avait tant entendu parler. Et il y alla tous les dimanches, pris d’une passion pour les animaux, guettant leur coït avec une curiosité obscène, mais jouissant surtout à voir les singes se livrer à d’immondes pratiques, et, sur ce spectacle d’animaux corrompus comme lui, philosophant à perdre de vue.

Un matin, comme il attendait qu’on ouvrit leur rotonde, une main lui frappa sur l’épaule. Il se retourna brusquement et reconnut le jeune docteur Jolly. D’abord, sous le regard de son ancien condisciple, il eut une rougeur, devinant bien que son ami s’apercevait de son état et allait lui faire des reproches, mais la joie l’emporta vite sur la honte et fut si expansive que le jeune médecin, touché, eut à peine le courage de le gronder. Charlot, ému de la sympathie affectueuse de ces reproches, prit le bras du docteur et, tout en marchant, lui raconta sa vie durant ces derniers mois, se retenant à grand’peine de pleurer. Il commençait l’histoire de Marguerite, quand son camarade arrêta sa confession. Ils étaient devant l’hôpital de la Salpétrière et le marin avait à y entrer pour entendre le cours du professeur Charcot, mais il ne voulait pas abandonner pour cela son pauvre Duclos : il avait heureuse-