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CHARLOT S’AMUSE

Il rêvait d’amour platonique, de petits oiseaux chantant dans le bleu, de jeunes filles pâles, les yeux au ciel, prêchant leurs fiancés comme Sibylle. À cinq heures, il posait son livre, écœuré par l’odeur des plombs et des lieux d’aisances qui, le soir, après les journées chaudes, rendait inhabitable son taudis. Alors, il s’habillait et allait aux Buttes-Chaumont. La nuit, ses habitudes onanistiques le rempoignaient et il ne pouvait s’endormir qu’après leur avoir obéi.

Deux dimanches de suite, il se rendit à la messe, et même, à une fête, il communia. Mais il se lassa vite de l’église, comme de tout. La tendresse consolante qu’il cherchait sous les voûtes ne venait pas, le prêtre lui rappelait Hilarion, les dévotes étaient laides, et, désillusionné, il eut encore des négations banales, sans bases, comme ses crédulités. Il se soulageait à traiter le curé de vieux farceur.

Il en arrivait dans son ennui maladif à maudire Paris. C’était là cette ville de toutes les distractions ? Alors, il songea qu’il n’en connaissait qu’une infime partie, et il acheta, dans un bureau d’omnibus, un petit guide à l’usage des étrangers. La première vignette du livre le frappa : le Jardin des Plantes. Il était inexcusable, lui Parisien, d’ignorer cette merveil-