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CHARLOT S’AMUSE

Il la suivit des yeux, soudain remué, puis, brusquement, il la rappela :

— Marguerite ! viens donc, que je te donne une image.

Elle remonta bien vite et entra.

— Tes parents ne sont pas là ? lui demanda-t-il, en lui prenant la main.

— Non ! répondit-elle, maman est au lavoir et papa est en train de ramasser sa cuite dans les environs…

Il lui fit poser son panier plein de linge et ferma la porte à double tour. Elle le regardait sans inquiétude, jacassant, heureuse d’être chez un homme, allant de la cheminée à la table et touchant à tout. Alors, brusquement, il l’empoigna et la jeta sur le lit. Elle riait, l’œil allumé, sans résistance, et même se serrant contre lui. Ce rire le déconcertait ; il laissa tomber son canif.

Bientôt, l’enfant cria. Ses cris étaient ceux de la vierge qui devient femme dans une souffrance, mais ils suffirent à effrayer Charlot. Perdant la tête, il prit peur et, laissant la jeune fille sur son lit ensanglanté, il dégringola par les escaliers et s’élança dans la rue.

D’abord, il courut devant lui, tout droit, au hasard. La fatigue le força vite à ralentir le pas, et alors seulement il essaya de réfléchir ;