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CHARLOT S’AMUSE

sentit renaître les voluptés spéciales que Lucien lui avait jadis apprises. Il pouvait s’imaginer maintenant que son ami était revenu et recommençait ses anciennes caresses. Les lèvres de la fille vinrent alors se coller aux siennes, et l’illusion fut un instant complète. Mais au moment où il pâlissait de joie, la prostituée le lâcha, puis se coucha en l’attirant. Il se refusait, devinant soudain, mais elle l’étreignit plus fort, et, par peur d’une nouvelle scène, dans l’impérieux besoin, peut-être aussi, d’atteindre, coûte que coûte, le paroxysme voluptueux auquel il touchait tout à l’heure, il céda.

— Enfin ! cria la fille victorieuse.

Cinq minutes se passèrent, cinq minutes très longues. Camélia, surprise, soupirait. Charlot haletait, à bout d’efforts, voulait partir.

La courtisane, cependant, l’encourageait. Il avait peur sans doute, puisque c’était la première fois, ou bien, il avait bu trop de bière ? Il secouait la tête, ne sachant que répondre, furieux et honteux de son impuissance.

— Allons, ça va venir ! reprenait la femme.

Et elle l’aidait, usant de tous ses artifices de gouge experte, changeant de position, s’échinant à amener le sacrifice. Mais ses efforts et ses soins restèrent inutiles. Charlot, qui, assis à côté d’elle, redevenait homme sous ses agiles