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CHARLOT S’AMUSE

nal et la ville étageaient dans le soleil, jusqu’au pied des montagnes, un amas confus de toits gris et rouges, qu’étoilait çà et là l’irradiation d’une vitre ou d’un carré d’ardoises. Plus haut, il y avait des taches vertes irrégulières, clairsemées. Les cabanons accrochés aux flancs des hauteurs y marquetaient de teintes vives les oliviers et les vignes, pareils parfois à des mausolées blancs avec leur ceinture de cyprès et d’eucalyptus. Au-dessus, sur la montagne toute nue, grimpait un manteau pelé, couleur d’ocre, avec, par places, la grisaille des rochers. À la crête, les forts profilaient comme leurs arêtes sévères sur le ciel. Charlot tournait le cou et suivait la ligne, tantôt largement ondulée, tantôt sèchement horizontale qui rasait les cimes, s’élevant, comme en un cap plus haut et plus aigu, sur le Faron, et s’éteignant, en un détour, sur les croupes puissantes du Coudon, qui, vu du Mourillon, apparaissait assombri et comme abandonné du soleil.

Bientôt, cette vue ne lui dit plus rien, l’emplissant même d’un profond ennui. Il en connaissait les moindres détails, il en avait fouillé les moindres replis. Et alors il retomba dans le rêve.

Un jour, une tentation lancinante l’envahit,