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CHARLOT S’AMUSE

l’Arme-Dieu qu’ils iraient voir, chacun vantant sa femelle avec d’obscènes détails et de cyniques descriptions. Plus violente, l’horreur que Charlot avait pour la femme se réveillait à ces discours. Il se dégagea de l’étreinte d’un gabier qui voulait à toute force lui offrir un verre en sortant de la gare, et il courut jusqu’à la grille. Là, il rencontra un soldat et lui demanda son chemin, se rengorgeant pour lui apprendre son engagement. Le troupier, flairant une aubaine, le mena au Bureau des Revues faire viser sa feuille de route, et, de là, à la caserne. En chemin, le conscrit ne vit rien de la ville et du port. Il marchait vite, forçant son guide à accélérer le pas, impatient d’arriver au Mourillon et de trouver Lucien. Tout à cette préoccupation, il n’aperçut pas davantage le grand bâtiment dans lequel il entra. Il n’entendit pas non plus les exclamations dont les hommes de garde, assis devant la porte, l’accueillirent :

— Tiens, encore un bleu !

Son ami, il lui fallait son ami ! Un troupier complaisant voulut bien aller le chercher à sa compagnie. Cinq minutes après, il revenait seul.

— Parti !

— Comment, parti ?…