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CHARLOT S’AMUSE

cédait encore, fatalement. Sa sensibilité générale s’exaltait davantage à la suite de ces continuelles rechutes et, parfois, la nature lassée se refusait à réparer son travail détruit. Alors, Charlot avait de longues insomnies ; puis c’étaient des somnolences, pleines de rêves écrasants et coupées par des réveils en sursaut. Le jour, des éblouissements et des vertiges achevaient de l’éreinter ; il avait l’œil égaré dans une incessante inquiétude.

Les ferrugineux de Mlle de Closberry restaient inutiles ; la chlorose et l’anémie allaient leur chemin, troublant l’une après l’autre toutes les fonctions organiques de cet être devenu leur proie. L’estomac, frappé le premier, avait d’étranges caprices. À certains jours, l’enfant n’entrait que pour la forme au réfectoire. D’autres fois, il dévorait les haricots et les pommes de terre du collège avec un appétit furieux. Sa fringale devenait un véritable pica ; même il dérobait souvent la maigre miche d’un de ses camarades et courait s’enfermer dans les lieux d’aisances pour dévorer ce pain goulûment.

Les mois coulaient dans l’accroissement des ravages du mal. Du côté des phénomènes psychiques, les troubles morbides s’accentuaient plus encore que du côté des fonctions nutri-