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CHARLOT S’AMUSE

Ç’avait été d’abord un changement moral ; son caractère s’était aigri dans une morosité défiante et irascible. Il avait éprouvé de passagères mélancolies et passionnément aimé la solitude. Bientôt, les symptômes avaient paru s’exaspérer, s’acharnant surtout sur son organisme, détraquant son pauvre corps et l’étiolant en pleine croissance. Des palpitations et une anhélation sénile l’avaient saisi.

C’était là comme la première période. Il en regrettait la clémence. Peu à peu, en effet, une consomption l’envahissait plus profondément, se trahissant par des sensations soudaines de froid et de chaud. Ses forces diminuaient et, avec l’altération de la plasticité, l’amaigrissement devenait plus effrayant de jour en jour. Dès cette époque, il constatait d’ailleurs sa déchéance physique ; voulant n’y plus songer, il courait en demander l’oubli à Lucien, et renonçait à consulter son miroir. Mais, auprès de son ami, la pensée de cette déchéance lui revenait encore. Il découvrait, se sentant impropre à tous les jeux, que l’ébranlement de son système nerveux amenait une débilité croissante de ses muscles, atteignant surtout ses reins et ses jambes. Navré, il passait ses récréations sur un banc de la cour. Cependant, le soir venu, et rentré au dortoir, il